Le président actuel de l’Association Porc Montagne, Thierry Lafragette, et l’ancien, moteur de la création de la démarche Origine Montagne, Georges Champeix, ont croisé leurs visions au bout de 10 années.
Pourquoi avoir créé Origine Montagne, il y a dix ans ?
Georges Champeix : Ce qui nous a amené à cette marque c’est d’abord la logique du territoire montagnard qu’il faut préserver et faire vivre. Ce que nous défendions c’est un nombre d’agriculteurs sur le territoire et ensuite essayer de réunir des acteurs de la filière, ce qui n’était pas le cas. La grosse réussite cela a été la rencontre entre éleveurs et salaisonniers pour créer de la valeur-ajoutée. Derrière tout cela, il y a des valeurs d’aménagement du territoire et de qualité, car un produit de montagne ne doit pas trahir le consommateur. Il est porteur à la fois des hommes et du territoire montagnard, mais aussi de sa qualité gustative.
Comment l’ont vécu les éleveurs et les entreprises ?
Thierry Lafragette : En tant qu’éleveur, j’avais ressenti à la fois de la fierté que les montagnards soient capables de se regrouper pour agir, et puis aussi de l’espoir de voir des produits Origine Montagne trouver leur place sur le marché. Du côté des entreprises, les abatteurs maillon indispensable au projet, et les salaisonniers, on a bien vu à l’époque une mobilisation forte et l’envie de dépasser les stratégies individuelles en se fondant dans une démarche collective. En fait, pendant dix ans, il a fallu tous rester volontaires au service de ce projet et d’APM. C’est pourquoi, nous avons aussi à cœur de transmettre le flambeau, comme Georges l’a fait avec moi et comme nous sommes en train de le faire vers les plus jeunes, pour les plus anciens d’entre-nous.
La dynamique ne s’est-elle pas usée après tant d’années ?
Georges Champeix : Je dis souvent « Là où il y a une volonté, il y a un chemin ! ». Donc l’important ce n’est pas le chemin suivi mais la persistance de la volonté et, pourquoi pas, son renforcement. Les choses ne sont pas faciles chez les éleveurs, et dans les entreprises, surtout en ce moment, mais si on garde en tête la raison pour laquelle on se lève chaque matin, on peut y arriver. Il y a eu des arrivées, mais aussi des départs, et puis plusieurs qui sont là depuis le début. Le collectif cela rajoute de la difficulté, c’est certain, mais c’est à chaque entreprise de réfléchir sur la meilleure manière de valoriser la marque. Et pour les éleveurs, ils ne doivent pas lâcher l’affaire. Ce sont eux les moteurs de la démarche.
Quelle est l’ambition de la marque aujourd’hui ?
Thierry Lafragette : Après 10 ans le bilan est plutôt très positif mais nous ne varions pas l’ambition du départ et nous voulons conserver cet esprit ; c’est-à-dire créer de la valeur ajoutée pour la partager entre les acteurs de la filière porcine de montagne afin de maintenir des emplois et des outils économiques. La production et les outils industriels sont là, notre objectif est de tripler ou quadrupler en quatre ans les volumes valorisés sous notre marque collective et d’accroître sa présence en grande distribution comme en restauration hors foyer. Les enseignes peuvent contribuer à la survie d’élevages familiaux en zone de montagne, engagés dans la protection de l’environnement, avec le développement de la HVE depuis 2021. »